Cluses - 18-19 juin 2005

Samedi.
Arrivé au Parvis des Esserts. Comme d’hab, la petite procession des inscriptions suit son cours. Nous allons à Mieussy. Beurk, va falloir marcher, j’aime pas ça.
Arrivé au parking, pas de doute, le déco est toujours aussi loin. Au moins 10 voire 15min de marche ! Et vu les conditions, pas moyen de décoller du col et de se reposer au déco. C’est un coup à finir au tas. Donc zou, on s’y colle.
Arrivé au déco tôt, on est paré pour une grande attente. Le plafs sont bas, très bas. Certaines barbules sont même sous le déco. Et ça à l’air stable.
Deux heures après, c’est presque pire : les nuages sont descendus de 200m. Encore une journée qui marche à l’envers.
La manche est décidée :
- Mieussy
- Orchez
- Rovagne
- Le Criou
- Les Carroz
- Sur le Mont
- Déco Mieussy
- et but à Cluses
L’attente au start est d’une demi heure. C’est peu dans l’absolu, mais avec le plaf 50 m au dessus du déco et 120 pilotes, ça fait tout de suite plus long. Les thermiques sont faibles et petits. Ca me va parfaitement ! C’est typiquement le genre de conditions que j’affectionne cette saison : je suis systématiquement au dessus de tout le monde. Et ça ne rate pas aujourd’hui. J’attends tranquillou dans mon coin collé au nuage l’heure du départ. Tout le monde part de devant le déco. Je suis un peu plus en retrait vers le Marcelly, avec Kortel et Louphi. J’attends 30s avant de partir histoire d’avoir une bonne vue d’ensemble de la meute. Coup de chance, ma transition se passe mieux que les autres. J’arrive au dessus, à peine derrière les premiers. Nickel. La balise d’Orchez tournée, il faut retourner vers le déco. Les premiers menés par Phiphi suivent la crête d’Orchez vers le nord. Un autre groupe mené par Marco et Pti Claude assure le plein sur Orchez. Je choisis une option intermédiaire. J’avance vers le nord également, mais en retrait de la crête. Un bon cycle m’attend. J’assure un petit 1500, et feu vers la crête de la Chapelle. Cette crête arrive environ 100m au dessus de l'atterro de Mieussy, et c’est une rampe ininterrompue qui mène jusqu’à la combe de Rovagne. J’y arrive le premier. Mais je n’ai aucune envie de faire la course en tête. Celle-ci, je vais la contrôler. Donc je laisse passer Phiphi, Willy et Pti Claude. Trois fusibles de luxe quoi !
La balise des chalets en avant de Rovagne est une formalité, et demi-tour vers le Criou.
Une petite procession avance tranquillement. Certains font feu par le bas, comme Marco d’autres assurent un poil plus, comme Phiphi et moi. Mais globalement, peu importe, au Criou, tout le premier groupe se regroupe, car le thermique fait la sieste. Il fini enfin par partir en avant du relief. C’est mou, ça monte pas très haut (1750m). Ca me va. Comme d’hab, j’arrive à me placer au dessus de la grappe (j’adore cette voile : de sondage basse couche l’année dernière, je suis passé à ballon sonde cette année). Il ne reste plus qu’à attendre. Enfin le groupe par pour la traversée de la vallée. Phiphi et moi sommes au dessus. On se cale stab dans stab. Il me crie « la crête de gauche ! ». Bon d’accord. Il est dans son jardin, y a pas de raison de pas lui faire confiance. Pourtant, tout le groupe part à droite, direction le déco de Samoens. Y sont cons ou quoi ? Phiphi est le meilleur pilote français, et en plus là, il joue à domicile. Ohé, y a quelqu’un sous le casque ?
Ben il semblerait que non. Seuls Stef Loisy et Kortel bifurqueront en milieu de transition pour rejoindre notre option. Mais trop tard.
Comme prévu, sous Samoëns, c’est la cata. Alors que nous prenons un gros thermique à Trapchet. Stef et Kortel, plus bas vont tout de même galérer. Stef posera là, alors que Denis devra retourner au Criou, pour recommencer une nouvelle fois. Teigneux le garçon.
Au plaf, nous partons avec Phif pour passer la crête vers les Carroz. Au passage, nous ne pouvons que constater l’hécatombe : seul deux trois voiles semblent survivre encore. Tous les autres sont posés ! Héhé !
Phiphi est mort de rire :
« Y sont tous posé ! C’est bon y a plus qu’à finir ! »
On se recale stab dans stab, et on papote.
« Tu vois là c’est chez moi ! Viens je te fais une visite guidée ! »
La balise des Carroz passée, on attaque 15 bornes face a vent. Mais il n’y a aucune raison de se presser. Derrière, y a plus personne. Arrivés à Agy, un petit point dur se présente : la traversée du col de Châtillon et le raccrochage d’Orchez. Je ne suis pas trop sûr de moi, et vu l’avance, je peux me permettre de temporiser. Je laisse Phiphi partir devant. Si ça ne passe pas en direct, je vais à Chevran pour assurer un plein. Mais il n’y a pas l’air d’y avoir de soucis.
Bien sûr ça n’avance pas lourd, mais bon, ça passe tranquille. Je m’y engage à mon tour. Ca n’avance pas vite, ça recule même un peu dans les thermiques.
Une petite pensée émue pour ceux qui devront passer par là sous des ailes perfos : vous allez en baver les gars !
Phiphi devant chope un bon cycle sur Orchez. Moi, nada. Les 5 min que je lui aie laissées volontairement vont se transformer en 15 min au but. Pas grave, il ne fait pas la compèt.
Je raccroche la fameuse crête de la Chapelle à nouveau, déco de Mieussy et zou, je rentre sur Cluses. Au passage, j’hésite même à tapper deux-trois waggas sur la déco. Mais ce ne serait pas très sérieux. Le retour est confort avec un départ à 1850m, au moins 400m trop haut.
Mais c’est trop bon de pouvoir prendre son temps en compèt !
Je passe au sur Orchez, et j’en profite pour admirer la course. Tiens, il a en a qui se sont sortis du plan de loose à Samoëns. Bravo les gars.
Je boucle enfin. Avec 25 min d’avance sur le second, et ce, sans jamais avoir touché l’accélérateur et en ayant fait du tourisme pendant les ¾ du vol. Merci Phiphi !
Dimanche.
Les conditions ont l’air pire. La manche prévue est courte, 52 km, et rapide. Phiphi fulmine : Manche de merde, c’est pour les bourrins. Bof, ça me va.
- Mieussy
- Sur le Mont
- Rovagne
- Orchez
- La Bray
- Pont du Risse
- Eglise de Scionzier
- Hopital de Cluses
- Posé à Cluses
C’est la foire aux balises ! Vive le GPS.
Le scénario du start est quasi le même que la veille. La meute part plus au nord que moi, plus bas. J’arrive plus haut et un peu en retrait sur le Mont. Mais aujourd’hui, c’est Phiphi qui négocie le mieux le retour sur Mieussy. Nous le suivons avec Julien, Eric, Vincent et Charles. Là, ça va être dur de le raccrocher...
Rovagne, comme d’hab est une formalité. Le raccrochage sous Mieussy va conditionner le reste de la course. Charles en ferra les frais. Phiphi, Vincent, Julien et Eric sont mieux placés. Je suis un peu en retrait. Ca ne va pas du tout. Sur une manche aussi courte et rapide, on ne peut pas se permettre d’avoir un wagon de retard. Heureusement, je ne pète pas un plomb. J’assure tout de même mon plein à fond. Ca va me permettre de refaire mon retard. A Orchez, c’est bon j’ai rattraper le groupe. Ouf. Sauf Phiphi qui est devant. Au moins 2 min.
Retour sur la crête de la Chapelle, petite procession jusqu’à Rovagne. Ca devient presque lassant. Nous creusons régulièrement le trou avec les suivants. Phiphi s’engage sans faire le plein en direction du nord. Nous préférons assurer derrière, et nous le voyons revenir penaud. C’est le risque à être en tête tout le temps. Parfois, on peut louper le bon cycle. Nous nous regroupons vers La Bray, Julien, Eric, Phiphi, Vincent Lophi et moi.
En direction du Pont du Risse, nous trouvons un bon cycle en milieu de vallée. Vincent, le plus bas du groupe préfère avancer au relief en pensant trouver mieux. Mais il fait la mauvaise option. Nous assurons tranquillement notre plein. Phiphi part devant comme d’habitude. Julien suit, puis moi, un poil au dessus. Eric et Louphi sont derrières un peu plus bas. La fin de manche s’annonce bien... :-)
La balise tournée, nous reprenons la crête qui mène à Orchez. C’est du soaring. Rien à faire. Je pousse un peu pour passer devant Julien. Histoire de ne pas se faire distancer en cas s’il trouvait un gros thermique devant. Mais c’est sans surprise. Nous montons ensemble sur Orchez. Phiphi continue de faire le fusible en partant devant pour la traversée de la vallée au-dessus Cluses en direction de Scionzier. Julien suit, puis moi 400m derrière. Sauf surprise, c’est bon j’ai course gagnée. Julien n’accélère pas aussi fort que moi. Mais je me force à rester concentré. J’ai trop souvent échoué près du but.
Je rattrape les 400m me séparant de Julien sans même accélérer, en profitant d’une erreur de cheminement de sa part : il se dirige tout droit vers la balise. Mais la suivante se trouve complètement à notre gauche. Je vise donc l’extrémité gauche du cylindre, la plus proche de la balise suivante. Et ça marche. Nous nous retrouvons côte à côte en direction de la dernière balise.
J’accélère pour passer devant, mais je me ravise. Mieux vaut rester à son niveau. Sait-on jamais. Il se pourrait qu’il trouve un meilleur cycle derrière moi, qui le place en bonne position pour la rentrée au but. Et c’est d’ailleurs ce qui va arrive à Phiphi. Il est au moins 1 km devant nous. Il se jette sur Chevran pour gagner l’altitude suffisante pour rentrer au goal. Mais derrière, Julien et moi trouvons un gros thermique décalé du relief. Il est obligé de nous y rejoindre pour ne pas se faire doubler. Nous sommes donc maintenant tous les trois ensemble. C’est bon, ce coup-ci, je devrais avoir gagné. La seule chance que pourrais avoir Julien est de tenter un retour bas sur le but, et que je n’ose pas le suivre, de peur de poser avant la ligne. Mais il ne prend pas le risque. Nous laissons même partir Phiphi devant. Il n’est pas dangereux, attendu qu’il n’est pas inscrit.
Une fois archi sûr de rentrer, Julien part. Je le suis, et je passe devant en accélérant. Yes ! Deux manches coup sur coup !
Nous passons la ligne avec 500m de gaz après 1h39 de vol, pour 52 km. Bonne moyenne.
Phiphi gagne donc les deux manches haut la main. Il est sans conteste le meilleurs pilote français, et ce depuis plusieurs années. Mais un problème de santé l’empêche d’obtenir sa licence compétition. C’est bien dommage.
Du coup, je suis officiellement vainqueur des deux manches. Mais je trouve tout de même le moyen d’être dégoûté : la deuxième manche a été bouclé trop rapidement, et ne fait pas 1000 points... grrr. Grâce à cela, Jean Marc Caron reste en tête du classement permanent.
Je reviens à la deuxième place.
Mais ça ne devrait pas durer. En effet, la saison A est finie pour Jean-Jean et moi. Nous sommes en Coupe du Monde pendant toutes les épreuves restantes, contrairement à Julien, Erwan ou Vincent. Du coup, nous ne pourrons pas jouer pour la victoire de la Coupe de France.