Normandie, 5 mai 2005 - 167 km

Mercredi soir, fin d’une journée de boulot. Demain, on attaque un week-end de 4 jours, avec théoriquement 4 jours de compèt dans les Vosges. Mais la météo est pourrie.
Casa appelle : « il paraît que ça va fumer en plaine, les Parisiens s’organisent, ça vous dit ? »
2 secondes d’hésitations... ok j’arrive.
Denis Cortella et Christophe Leperd en sont également.

Départ tardif, une pause pour dormir à Paris, et on se retrouve à une petite dizaine de pilotes à Poissy. Maxime Bellemin, un peu à l’origine du meeting, a la pression : le ciel n’est pas terrible ce matin, et il craint de nous avoir fait venir pour rien. Mais la météo annonce une amélioration.

Nous partons pour Onay, quelques km au sud de Caen. Un accrochage avec une moto et un bouchon plus tard, nous arrivons enfin avec deux heures de retard sur le site. Ca paraît pas mal, mais les plafs sont bas. Julien Dauphin et Franck Arnaud arrivés la veille sont déjà en l’air. Grr, vite. Enfin au déco, je fonce m’installer... en plein dans un tas de chardons coupés ! Bien ! Bon choix, Max ! Les suspentes fines adorent...Un petit briefing pour nous signaler une zone interdite vers Chinon, à 211 km. Nous rentrons le point dans les GPS, sans trop y croire, au vu des conditions.

Je me mets en l’air vers 13h alors que les premiers sont déjà partis depuis 10 min. 2 min plus tard, j’ai la cuisse droite trempée. Il semblerait que mon ballast ait aussi apprécié les chardons : il est percé ! Je n’ai pas de possibilité de la purger en l’air. Et comme je l’ai remplis à fond, impossible de le sortir de la poche pour le bazarder. Je vais être obligé d’attendre tranquillement qu’il se vide sur moi, avant de pouvoir le vider en l’air. Je ferai tout le vol les c....... au frais. Heureusement, le cocon me tiendra suffisamment au chaud pour ne pas devoir écourter le vol.

Les pilotes se mettent en l’air les uns après les autres. Un cycle passe, et nous le prenons avec Denis et Christophe. Les Alpins sont partis pour voler ensemble. Dommage, j’aurais bien aimé avoir un plaineux avec moi, histoire de comparer nos façons de voler.
Les thermiques sont faibles, les plafs bas, vers 1000m. Nous assurons tranquillement le premier plein en regardant le déco s’éloigner. La dérive est nord, nord-ouest, légèrement inférieure à 20 km/h.

Première transition, et premier point bas. Christophe transite plus à droite et s’en sort pas mal. Pour moi et Denis, ça sent le boudin. Nous raccrochons une bulle vers 250 m. Mais elle se désorganise vers 500 m. Je reste dans la zone de zéro en attendant qu’elle redémarre alors Denis élargit pour trouver mieux. Il sort de la zone, et s’en est fini de lui : posé au km 20.
Ca promet, 1 heure de vol, et on est déjà plus que 2 sur 3.
Le cycle repart, et je rejoins Christophe. Nous volons de concert, tranquillement de cums en cums. J’entends les premiers en radio, mais impossible de savoir où ils en sont : je ne connais aucun nom de patelin. Nouveau points bas vers le km 50 à 100 m sol. C’est la qu’il fait bon être deux pour optimiser le thermique. Petite chaleur, mais nous nous en sortons bien. Dans les thermiques suivants, je perds Christophe qui loupe un cycle. Bien qu’inquiet, j’avance tout seul. J’attrape un petit ensemble de cums un poil plus actif que le reste, qui me monte vers 1250 m et va me permettre de faire presque 10 min de vol droit : grand luxe pour la journée ! On est loin des rues de cums interminables qui peuplent les récits des vols de plaine, mais bon, je ne vais pas faire le difficile. Je perds définitivement Christophe de vue. Il est en fait posé après 77 km. J’essaie de savoir ou en sont les autres, mais aucune réponse.

Nouveau point bas, nouveau sauvetage, ça devient routinier. Ce coup-ci, à 60m sol, je dérive un 0 au milieu d'un champ, en attendant simplement d'atteindre l'extrémité du champ: une petite haie d'arbre va aider la bulle à se décrocher du sol, je suis confiant. Et ça ne manque pas. En fait c'est même le fossé du bord de route qui permet le déclenchement. Retour à l'étage du dessus !

Vers le km 100, le téléphone sonne. C’est Casa qui a organisé la navette et qui me demande où j’en suis. Malgré le vent relatif, je comprends que tout le monde est posé. Au moins, je n’ai plus d’info à espérer des autres. Je sors le jukebox, enclenche ma playlist favorite : quitte à voler seul, autant le faire en musique. S’il y a bien quelque chose de cool aujourd’hui, c’est que les conditions sont d’un calme étonnant. Je peux bricoler tant que je veux sans tenir les commandes, téléphoner, me retourner, fouiller dans la poche arrière de la sellette, rien à craindre !

La suite du vol est métronomique, quasi mathématique : nuage, transition. Le thermique suivant m’attends entre 200 et 400 m. Dès que ça bip, je rajoute + 10 km à la distance déjà effectuée. Facile. La dérive passe doucement de 17 km/h à 20 puis 22 km/h. Les thermiques sont faibles, mais constant à 0,8 m/s en moyenne : faut pas être pressé.

A ce petit rythme de sénateur, je vais parcourir un peu plus de 165 km, avant d’être rattrapé par le front chaud vers 17h30. C’est pour le moment ma plus grande distance en plaine.

Un coup de fil, et Denis vient me chercher au Mans. J’apprends que tous les autres ont posé entre 50 et 70 km. Bah, manque de patience ?